Office of Strategic Services en Yougoslavie pendant la deuxième guerre mondiale

 

            L’historiographie et la tradition populaire portent rarement le même jugement sur des faits historiques. L’une des rares exceptions est la notion généralement répandue que le premier ministre britannique Winston Churchill avait, lors de ses discussions avec Staline d’octobre 1944 à Moscou, divisé les Balkans dans des sphères d’influence et ainsi décidé entre autres de l’avenir de la Yougoslavie. Ces deux types  de connaissance historique continuent de s’accorder sur le fait que le gouvernement américain et le président Roosevelt ont généralement démontré peu d’intérêt pour la région, et qu’ils ne se sont pas d’avantage sentis concernés par le destin du pays. L’étude de l’expérience yougoslave nous a obligé à nuancer cette image trop parfaitement concordante.

            Il est bien connu que le potentiel économique et humain des Américains leur permettait, dès l’année 1943, de déterminer la stratégie des alliés occidentaux. En effet, une fois les opérations en Afrique du Nord terminées, les Américains ont démontré un certain intérêt pour les Balkans en général et pour la Yougoslavie en particulier. Néanmoins, le fondement de leur stratégie en Europe restait toujours le projet du débarquement en France, à tel point que toute autre opération était considérée par l’État Majeur américain comme un gaspillage inutile de forces et d'hommes. Ainsi, lors des consultations entre le président Roosevelt et l’État Majeur américain en août 1943 à Washington il a été décidé que l’armée américaine ne participera en aucun cas à un débarquement allié dans les Balkans.[1] Par conséquent, il a été convenu que l’agence des renseignements Américaine, OSS (Office of Strategic Services) sera chargée d’assurer la présence américaine en Yougoslavie.[2] La tâche de l’OSS était facilitée par la conclusion de l’accord sur la division des champs d’action, entre son directeur le Général William Donovan et le directeur de l’agence des renseignements britanniques, SOE (Special Operations Executive), le Général Colin Gubbins, le 26 Juillet 1943 à Londres. Selon cet accord, les actions en Yougoslavie auraient été sous le commandement de l’SOE, mais l’OSS a obtenu le droit d’envoyer ses officiers sur le terrain sous conditions qu’ils restaient soumis aux ordres des chefs des missions militaires britanniques déjà dans le pays.[3] Vu que Donovan avait démontré un vif intérêt pour le pays, car il était considéré à la fois comme une source des informations mais aussi comme une base pour l’envoi des missions dans le territoire du Reich, en Autriche particulièrement, il est possible d’avancer l'hypothèse que l’engagement de l’agence américaine en Yougoslavie avait sensiblement influence l’issue de la guerre civile et l’orientation politique du pays après la guerre.

            Nous proposons donc d’évaluer l’influence américaine sur le déroulement de la guerre en Yougoslavie en analysant les quatre principaux volets d’engagement de l’OSS en Yougoslavie: 1) le plan compréhensif des actions de l’OSS dans les Balkans établis par Donovan en août 1943; 2) l’aide matériel apporté depuis les bases en Italie au mouvement de résistance communiste dès septembre 1943 à avril 1944, connu sous son le nom de code, opération Audrey; 3) la mission du Major Richard Weill, et son influence sur l’orientation de la politique américaine envers la Yougoslavie; 4) l’opération Shepherd, dont l’objectif était de promouvoir Ivan Subasic, ancien gouverneur de la Croatie, au poste d’interlocuteur du chef de la résistance communiste Josip Broz, dit Tito, lors des pourparlers sur le règlement du conflit politique intérieur.

            La situation en Yougoslavie en été  1943, lorsque l’agence américaine avait envoyé ses premiers officiers sur le terrain - le Lieutenant Walter R. Mansfield qui s’était joint à la mission britannique du Colonel William Bailey auprès du mouvement royaliste, et le Capitaine Melvine Benson qui avait intégré la mission du Colonel William Deakin chez les partisans -  était déjà très complexe.[4]

            Après la défaite de l’armée yougoslave en avril 1941, le roi Pierre II et son gouvernement s’étaient  exilés à Londres. Sur le terrain, en Yougoslavie, plusieurs conflits intérieurs s’étaient entremêlés à l’occupation allemande et italienne. Les difficiles rapports entre les deux plus grands peuples  yougoslaves, Serbes et Croates, qui dataient de la création du pays, avaient dégénéré avec la création de l’État indépendant Croate le 10 avril 1941 par les ultra-nationalistes croates, les Ustashi, en une véritable guerre inter-éthnique, provoquée notamment par la volonté des Ustashi de purifier le sol Croate des, selon eux, « races inférieures », Serbes, Israélites et Tziganes.[5] En même  temps en Serbie s’étaient créé deux mouvements de résistance:  le royaliste, très vite reconnu par le gouvernement en exil, mené par les officiers de l’armée yougoslave avec le colonel Dragoljub Mihailovic a leur tête; et celui des partisans, dirigés par le secrétaire général du parti Communiste yougoslave, Tito.[6] Inévitablement, les orientations politiques opposées des deux mouvements les conduisirent au conflit armé, et la Yougoslavie devint, dès automne 1941, la scène d'une guerre civile féroce. L’imbroglio yougoslave illustrait bien la difficulté de la tâche devant laquelle se trouvait général Donovan lorsqu’il essaya d’élaborer un plan compréhensif des actions de l’OSS dans les Balkans.

 

1. Le plan de Donovan pour les Balkans

 

            En août 1943 Donovan a proposé à l’État Majeur américain son plan dont l’objectif était d’inciter les alliés allemands dans les Balkans de se retirer de la guerre. Le général américain croyait que la capitulation italienne, qui parait imminente, et le retrait de ses troupes des Balkans, aurait convaincu les dirigeants balkaniques que les Nazis allaient perdre la guerre.  Dans ce cas, la peur de l’avancée des troupes soviétiques aurait obligé les pays balkaniques qui soutenaient jusqu’alors les Allemandes à se tourner vers les puissances occidentales. C’était le moment, selon Donovan, de leur demander de se retirer de la guerre ou de provoquer des sérieux problèmes aux Nazis. Les objectifs immédiats de son plan étaient: 1) l’organisation des réseaux de renseignements dans les Balkans; 2) l’établissement des contacts avec les mouvements de résistance; 3) la destruction du réseau des communications des Allemands dans les Balkans.[7]

            Ce projet ambitieux était fondé sur l’analyse selon laquelle les Allemandes ne jouissaient d’aucun soutien réel dans les Balkans. En fait, les gouvernements restaient au pouvoir exclusivement à cause de l'appui armé des Allemandes. D’ailleurs, Donovan croyait que les systèmes politiques balkaniques n’étaient que des dictatures à peine dissimulées des élites dirigeantes (les professions libérales, les fonctionnaires d’État, et les officiers) qui étaient intéressés seulement par la préservation de l’ordre social existant. Ainsi, selon Donovan, ils avaient accepté de collaborer avec les Nazis car ils avaient cru pouvoir en tirer des profits territoriaux  pour leur pays ou simplement pour préserver le statut social qui était le leur.  Maintenant quand il était évident que les Allemandes n’étaient plus en mesure de les protéger des révolutions sociales que l’arrivée des Soviétiques inévitablement aurait provoquée, ils n'auraient pas eu d’autre choix que de se tourner vers les alliés  occidentaux.[8] Dans ce cas Donovan prévoyait que les dirigeants balkaniques auraient pu demander des garanties pour que leur engagement à coté des Alliés empêchât qu’une dictature communiste s’installe dans la région. Mais selon lui, c’était impossible vu que:

            « Il est évident que la Grande Bretagne et les États Unis ne peuvent pas donner de telles garanties. On ne sait pas quelles sont les intentions actuelles des Russes pour l’avenir des Balkans. Néanmoins, on peut présumer qu'ils ne vont pas se féliciter d’un accroissement considérable d’influence anglo-américaine dans une région pour laquelle le Gouvernement russe avait depuis toujours un intérêt particulier.

            C’est étude a été fondée sur la supposition qu’il ne sera pas possible, à présent, d’envoyer des contingents américains importants dans les Balkans.

            Le problème est donc de prévoir des mesures qui peuvent amener à la fin de la guerre dans l’Europe du Sud - Est sans l’emploi des importants contingents américains, et sans prendre des obligations militaires ou politiques de long terme envers les pays balkaniques, et surtout sans provoquer le mécontentement du gouvernement russe. Les projets donc devront être établis avec l’objectif  d’assurer la défection  d’un ou des tous les pays balkaniques qui collaborent maintenant avec les Nazis,  et de les persuader d’utiliser leurs forces militaires pour essayer d’isoler l’armée allemande dans les Balkans et dans la région de la mer Égée, de sorte qu’il soit possible d’établir des gouvernements relativement stables, non-communistes mais en même temps non anti-russes dans les Balkans ».[9]

            Le projet balkanique de Donovan fut approuvé par l’État Majeur américain le 7 Septembre 1943 sous condition que le Département d’État américain et le gouvernement soviétique fussent mis au courant du projet avant qu’il ne soit mis en oeuvre. En plus, Donovan reçut le 7 septembre 1943 les instructions de choisir les mouvements de résistance avec lesquels il aurait collaboré seulement sur la base de leur contribution à la lutte commune contre l’ennemi et jamais en utilisant comme critère leur orientation politique.[10] Cependant, Donovan dut demander aussi l’accord du commandant allié en Méditerranée. Lorsqu’il l’obtint finalement en novembre la situation en Yougoslavie fut complètement changée. Depuis le début de septembre, le Commandant Lyn Farish, faisant partie d’une mission alliée commandée par  le brigadier anglais McLane, fut reçu dans le quartier général des partisans. Dès qu’il sortit de la Yougoslavie en novembre, Farish, en sa capacité d’expert, fut invité de commenter le projet de Donovan.[11]Finalement, lorsqu'en janvier 1944 le projet arriva à Caire, le colonel John Tulmin, chef du centre des opérations de l’OSS en Méditerranée, le jugea dépassé par les événements. Les chefs de la coalition alliée à Téhéran avaient désigné Tito comme commandant des opérations alliées en Yougoslavie.[12] Ainsi, le problème de collaboration avec des élites yougoslaves ne se posait plus. Tito et les partisans obtinrent cette position privilégiée, grâce en partie à l’initiative des officiers de l’OSS à Alger, qui, à partir de septembre, avaient organisé une vaste opération d’envoi d’aide matériel aux partisans.

 

2. Opération Audrey

            Après la capitulation italienne, le Capitaine Hans V. Tofte et le Lieutenant Robert S. Thompson avaient proposé à Donovan d’organiser, à partir de Bari, l’envoi par la mer de l’aide aux mouvements de résistance en Yougoslavie. Il s'agissait pour la première fois d’organiser une opération indépendante de l’OSS, car jusqu’alors c’était le SOE qui s’occupait exclusivement des contacts avec les résistants yougoslaves.[13] Donovan, non seulement donna son accord et nomma le Major Lois Huot à la tête de l’opération, mais il lui facilita la tâche en lui procurant l’accord  du commandant allié en Méditerranée le Général britannique, Maitland Wilson et du commandant allié en Italie, le Général américain Dwight Eisenhower.[14] À cause d’un heureux concours de circonstances les partisans, fuyant la côte dalmate reprise par l’armée allemande après la capitulation italienne, étaient arrivés en ce moment même à Bari, d’où leur chef Sergije Makijedo avait été envoyé à Alger où il a aussi rencontré le Major Hout.[15] Une fois établis le contact avec les partisans, le projet initial devenait plus crédible et Huot réussit à obtenir plus de 400 tonnes de matériel pour les partisans. Dés le 9 Octobre Huot se trouvait à Bari et quelques jours plus tard il reçut les bateaux yougoslaves confisqués au début de la guerre par la marine italienne. Or, puisque les partisans avaient envoyé de Yougoslavie des hommes pour charger les bateaux, sa base était opérationnelle déjà à la mi-octobre.[16] Après un premier voyage à l'île de Vis pour s’assurer de la capacité des partisans de recevoir de l’aide, Huot envoya la première cargaison de matériel le 15 Octobre. Le succès initial poussa Huot de s’avancer jusqu’à le côté dalmate où il a rencontra le commandant partisan de la région et lui dit qu’il sera en mesure d’envoyer 500 tonnes de matériel par mois, à condition qu’on lui fournisse des listes du matériel nécessaire.[17]

            L'importance de l’aide proposée a valu à Hout l’invitation de se rendre à la ville de Jajce au l’État Majeur des partisans pour rencontrer Tito en personne. De sa propre initiative et sans l’autorisation préalable ni de ses supérieurs ni du chef de la mission alliée en Yougoslavie, le Brigadier britannique, Fitcroy McLean, et en évitant les patrouilles allemandes avec ses guides locales Hout réussit à parcourir 250 kilomètres qui séparaient la côte dalmate de la ville de Jajce où il fut reçu  par Tito. Leurs conversations permirent de mettre sur pied un programme d’aide, qui a duré sous le commandement américain jusqu’au avril 1944.[18]

            Les conséquences de l’opération Audrey furent très importantes. Les partisans étaient devenus pratiquement, sans qu’une décision politique eût été prise, les alliés privilégiés et les seuls interlocuteurs de l’armée américaine en Yougoslavie, tandis que la diplomatie américaine entretenait toujours des rapports exclusivement avec le gouvernement yougoslave en exil. L’OSS a fourni d’octobre 1943 jusqu’à avril 1944, quand le SOE a pris le contrôle sur l’envoi de l’aide en Yougoslavie, plus de 11 000 tonnes de matériel de guerre, d’armes et de munitions aux partisans.[19] A titre de comparaison dans la même période le SOE avait envoyé par air seulement 450 tonnes d’aide aux partisans.[20] L’importante aide reçu permit aux partisans de continuer de mobiliser et de pouvoir disposer ainsi des réserves considérables d’hommes et de munitions en vue de la confrontation finale avec le mouvement royaliste. Nombreux étaient les témoignages des officiers américains sur le fait que, de l’été 1944, dans les combats contre les ennemis les partisans n’utilisaient pas des armes reçues mais ils les cachaient pour le règlement de compte avec leur adversaire dans la guerre civile.[21] Ce fut donc partiellement grâce à l’aide fournie par  l’OSS, que les partisans gagnèrent la guerre civile en automne 1944 en s’assurant le contrôle de la Serbie. 

            Ce soutien involontaire à une des parties dans la guerre civile en Yougoslavie, fut la conséquence de l’inexpérience des officiers américains envoyés en Yougoslavie, qui ne furent pas des spécialistes de renseignement. Leur devoir principal fut d’aider les partisans à saboter les lignes de communications allemandes, et de gérer l’arrivée de l'aide alliée. Ils avaient donc la formation appropriée. A titre d’exemple, le Commandant Farish était par profession ingénieur.[22] En effet, Farish et ses collègues ne pouvaient pas évaluer avec précision l’orientation politique des partisans ni les intentions des communistes qui contrôlaient leur mouvement. C’est pourquoi, le Commandant Robert Weill, fut envoyé en Yougoslavie à la tête de la première mission complètement indépendante américaine afin d’évaluer: 1)le soutien populaire dont jouissaient les partisans, 2)le rôle des communistes au sein du mouvement, 3) le type d’organisation politique qu’ils voulaient mettre en place après la guerre.[23]

 

3. La Mission du major Richard Weill

            Les membres de la première mission indépendante de l’OSS arrivèrent le 27 février 1944 à Drvar dans l’État Majeur des partisans. Lors de son séjour à Drvar jusqu’au 19 Mars, Weill eut la possibilité de mener plusieurs longues conversations avec Tito et ses proches collaborateurs, et de se faire une idée précise sur le caractère du mouvement. Selon lui Tito se trouvait à la tête d’un mouvement de guérilla qui ne disposait pas de moyens de se transformer dans une armée moderne. Comme dans chaque guerre de guérilla il n’y avait ni des lignes de front ni des territoires libérés. Ce que les partisans appelaient les « territoires libérés » n'étaient en effet que des régions envers lesquelles, à ce moment,  l’ennemie ne démontrait pas un intérêt particulier, puisqu'il aurait pu y entrer dès qu’il aurait voulu car les partisans évitant, comme toutes les guérillas des conflits frontaux, les auraient déjà évacuées. Par conséquent, il a considéré comme fausse les déclarations des partisans qu'ils ont immobilisées par leurs actions plus de 17 divisions ennemies dans le pays. Selon lui les partisans n’étaient capables ni de chasser l’ennemi de leur pays, ni de l’empêcher de retirer ses troupes, ni de les détruire.[24]

            En revanche, il les a considérés plus que capables de gagner la guerre civile contre les royalistes une fois que l’ennemi eût quitté le pays. Leur victoire dans la guerre civile avait été due à leur supérieure organisation, à cause de l’existence d’un noyau des communistes qui occupaient les postes de commandement. Ils étaient l’élément le plus discipliné et le mieux organisé capable de mettre en place une politique d’entente entre les différentes ethnies du pays, ce qui leur avait  permis d’assumer la direction politique du mouvement. Weill se croyait en mesure de prévoir le déroulement de la guerre civile en Yougoslavie en affirmant que:

« 1) Les partisans allaient accroître leur emprise politique sur le pays et leur puissance militaire.

2) L’importance de leurs rivaux allait diminuer même s’ils n’allaient pas disparaître complètement.

3) Même au prix de provoquer un bain de sang lors des conflits internes,  les partisans auraient contrôlé le pays entier à la fin de la guerre.

4) Les partisans gouverneront au moins une année après la fin des hostilités.

5) Il est probable qu’ils seront restés au pouvoir pendant plusieurs années.

6) Ils respecteront leurs promesses, les élections seront organisées sur tous les niveaux, et une pyramide du pouvoir sera organisée dès comités locaux, provinciaux et régionaux jusqu’au comité national. Autrement dit, une forme du gouvernement représentatif sera organisée ».[25]

            La nature du pouvoir que les partisans avaient l’intention d’instaurer ne faisait guère de doutes pour Weill. Lorsque Tito l’assura que les partisans auraient respecté la volonté politique du peuple, il en tira la conclusion suivante:

«  Les partisans naturellement resteront au contrôle, car cela sera leur manière  d’exprimer la volonté du peuple dans les affaires nationales ».[26]

            Les conclusions du premier officier américain de renseignement envoyé en Yougoslavie ont, donc,  évoqué la possibilité d’une sanglante guerre civile après le départ des Allemands. Cette éventualité était prise très au sérieux par le Général Donovan, - il a tout de suite transmit le rapport de Weill au président Roosevelt - car il existait la crainte que les alliés des Américains se mêlent à cette guerre vu que les Soviétiques accordaient leur soutien inconditionnel aux partisans et que, d’autre part, les Britanniques se sentaient responsables pour le sort du jeune roi yougoslave dont le chef des royalistes, Mihailovic était toujours, malgré les protestations du Foreign Office, le ministre de la guerre. Il était donc, indispensable de trouver une solution pour le conflit intérieur yougoslave car il menaçait la stabilité de la coalition anti-allemande.

            Les conclusions de Weill avaient apporté un élément de la réponse, car il soulignait que les partisans auraient respecté du moins la forme, sinon le contenu, du processus démocratique après la guerre. Cela fut plus que suffisant pour l’administration américaine car elle était, dès 1943, disposée à tolérer la création d'une "sphère d'influence ouverte" des Soviétiques en Europe de l'Est. Ce concept, sous-entendait la disposition de l'administration du président Roosevelt à admettre que l'Union Soviétique, afin de protéger son territoire, contrôle les systèmes de défense des États de l'Europe de l'Est, à condition que ceux-ci gardent le droit de la liberté de commerce et la liberté du choix du régime politique intérieur.[27] Weill justement confirma l’intention des partisans de respecter le minimum de démocratie exigée par les l’administration du président Roosevelt.

            Il restait à trouver l’homme qui, jouissant de la confiance du roi, aurait été accepté comme interlocuteur par des partisans. Sa tâche aurait été de désamorcer la crise  et d’éviter la guerre sanglante, en facilitant un compromis entre le roi et les partisans. Avec cet objectif en vue, un vieux projet de l’OSS, l’opération Shepherd, fut repris en printemps 1944.

 

4. l’Opération Shepherd

           

            Shepherd était le nom de code que l’OSS avait donné à Ivan Subasic après qu’il s’était proposé, lors de sa première rencontre avec le Général Donovan en août 1943, pour partir, avec l’aide de l’agence américaine pour la Yougoslavie, avec l’objectif d’unir les partisans avec le mouvement de résistance sous la direction de son parti, le parti agraire croate (HSS).[28] Il croyait comme d’ailleurs tous les hommes d’État yougoslaves en exile, que les Alliés, après la capitulation de l’Italie, allaient continuer leur avancée vers l’Est et auraient débarqué en Yougoslavie.[29] Une telle perspective aurait ouvert des possibilités inattendues surtout pour les Croates. N’ayant jamais véritablement accepté la Yougoslavie telle qu’elle  avait  été crée le 1 décembre 1918 à Belgrade, ils n’ont pas cessé de lutter pour la création d’une Croatie autonome au sein de la Yougoslavie ou d’une autre forme étatique confédérative; mais avant tout ils bataillaient pour la création d’un État croate indépendant. Les prémisses d’une solution de la question croate avaient été déjà posées par l’accord d’août 1939 entre le président du gouvernement royal Dragisa Cvetkovic et le chef du parti agraire croate Vlatko Macek. Selon cet accord Subasic était devenu le gouverneur d’une Croatie autonome disposant de son parlement, de ses revenus, d’une autonomie culturelle et économique. L’arrivée de la guerre, et la création de l’État Indépendant Croate par des Ustashis sous l’égide de Mussolini et de Hitler avait considérablement affaibli la position croate, car un courant politique croate, les Ustashi, c’est de son plein gré rangé du côté de l’adversaire. D’autant plus, au moment où il existait la possibilité d’un débarquement allié sur la côte dalmate, il fallait qu’un représentant de la Croatie démocratique soit là pour les accueillir, de préférence en capacité du chef politique de tous les  mouvements de résistance en Croatie.[30] 

            Lors de leur deuxième rencontre, le 16 octobre 1943 à Washington, Subasic présenta à Donovan une nouvelle mouture de son plan initial.[31] Maintenant son objectif était d’établir le contact avec Tito, et de persuader les commandants de l’armée croate  à abandonner les Allemandes et à s’unir avec les partisans.[32] La parfaite concordance entre ses idées et l’objectif du plan balkanique de Donovan, lui valut   le soutien inconditionnel du directeur de l’OSS. Quelques jours plus tard, le 21 octobre, le président américain prit connaissance de ce projet.[33] Il  y voyait une possibilité d’accroître le rôle de l’OSS en Yougoslavie, et il écrit a Churchill en lui demandant son accord pour que Donovan devienne le chef des opérations de renseignements des alliées occidentaux dans les Balkans.[34] Comme on pouvait s’y attendre, la réponse du premier ministre britannique était résolument négative.[35] Puisque le Département d’État estimait qu’il fallait patienter pour connaître d’abord la position des Soviétiques avant de lancer une opération d’une telle envergure, il fut décidé d’attendre les décisions de la conférence de Téhéran sur la Yougoslavie.[36]

  L'accord global avec l'URSS, fut le but principal du voyage présidentiel à Téhéran. Il y déclara d'emblée le 28 novembre 1943 qu'il souhaitait surtout qu'à la réunion, les trois grands discutent des mesures qu'il aurait fallu prendre pour obliger au moins 30 à 40 divisions allemandes à se retirer du front oriental vers d'autres fronts. Durant la séance plénière des trois grands,  Roosevelt posa le problème avec encore plus de précision en disant qu'il fallait décider de la manière dont les armées anglo-américaines en Méditerranée pourraient aider le mieux les progrès de l'Armée Rouge sans menacer le débarquement dans la Manche. Dans ce sens le président proposa que des troupes alliées débarquent au nord de l'Adriatique pour avancer ensuite avec les partisans vers le nord-est, vers la Roumanie, et rejoindre les troupes soviétiques avançant depuis Odessa.[37] De sa part Staline résolut dans sa réponse toutes les équivoques des stratèges américains. Il ne voulut pas de débarquement en Adriatique, car il  était d'avis que l'opération Overlord (débarquement en Normandie) était de la plus grande importance. Seul un débarquement sur la Côte d'Azur, aurait pu être envisagé parallèlement au débarquement en France du nord.[38]

La question des Balkans réglée, Roosevelt, lors de leur seconde rencontre le 29 novembre put entretenir Staline de son projet majeur des Nations Unies. Le président exposa à Staline le projet de la structure des Nations Unies.[39]La seconde réunion Roosevelt - Staline se termina à la satisfaction des deux parties. Staline acceptait les bases de la nouvelle organisation internationale, tandis que le Président  laissait pressentir que le retrait des troupes américaines ouvrira l'espace de l’Europe de l’Est à la domination militaire et politique de l'URSS. Puisque la délégation américaine était arrivée à un accord avec l'URSS, elle ne désirait plus s'attarder longtemps sur le problème de l'Europe de l'Est.

Roosevelt fit savoir à Staline, à Téhéran, que seule la victoire dans la guerre et l'organisation des Nations Unies l'intéressaient. Laissant le règlement du contentieux européen à Churchill et Staline, le président américain, tenant compte du rapport réel des forces dans la grande coalition, avait donc donné son accord à la création de la zone d’influence soviétique en Europe de l'Est. Dans le cadre d'un tel accord global, le sort de la Yougoslavie n'avait  pas provoqué de litige. Les trois parties avaient approuvé les envois du matériel, des armes et des munitions aux détachements de Tito.[40]

            Une fois qu’à Téhéran il fut décidé d’envoyer de l’aide seulement aux partisans, l’OSS obtint, au début décembre  l’accord du Département de l’État pour procéder avec l’opération Shepherd  sous condition que les deux autres puissances alliées fussent consultées préalablement, aussi bien que le principal intéressé lui même, le commandant en chef des partisans, Tito.[41] Vu que les Soviétiques et les Britanniques n’y voyaient pas d’inconvénients,[42] le major Farish était chargé, lors de sa deuxième mission en Yougoslavie à partir du 20 Janvier 1944, de demander à Tito s’il était prêt à recevoir Subasic pour discuter avec lui de la possibilité de persuader l’armée régulière de l’État Indépendant Croate de s’unir avec les partisans contre les Allemands.[43] Au même moment le gouvernement britannique essayait aussi de trouver une solution pour la situation en Yougoslavie. Ainsi le premier ministre britannique proposa à Tito, dans sa lettre personnelle transmise par le Brigadier McLean, de nouveau à la tête de la mission alliée dont Farish faisait partie,  de recevoir le jeune roi yougoslave pour discuter directement avec lui de l’avenir du pays.[44]

            Sollicité par les anglo-saxons, Tito suggéra sa solution pour la crise politique yougoslave. Dès le 15 février il communiqua aux Américains qu’il était prêt de recevoir Subasic,[45] et le 2 mars il proposa aux Britanniques que le comité exécutif de l’AVNOJ (l’assemblée représentative du mouvement partisan) fût reconnu comme le gouvernement yougoslave par intérim une fois que les représentants de roi y aient été inclus. Parmi les personnes qu’il souhaitait voir dans ce gouvernement il a notamment cité Subasic.[46] Les modalités du désamorçage de la crise avaient été ainsi fixées. Finalement, en échange de la reconnaissance de l’aile politique de son mouvement, Tito était prêt à discuter avec des personnages de son choix, dont Subasic, qui avait en plus le soutien du gouvernement américain. Il faut souligner que Tito était en connaissance que Subasic, lors de son séjour aux États Unis de 1941 à 1943, c’était publiquement déclaré favorable à la coopération avec les partisans sans aucune condition préalable.[47] La proposition britannique que  l’interlocuteur de Tito fut le roi lui-même, avait été catégoriquement repoussée.[48] La seule possibilité restante pour la diplomatie britannique était de persuader le roi de nommer un des personnages qui avaient l’aval du Tito au poste du premier ministre pour qu’il puisse mener à son nom les pourparlers avec le chef des partisans. Subasic était la seule personne parmi ceux proposé par Tito à laquelle le roi  n’était pas opposé, et de leur part les diplomates américains firent savoir à leurs collègues britanniques qu’il jouissait aussi du soutien du président Roosevelt.[49]

            Dans cette perspective l’opération Shepherd prit une nouvelle importance. Il s’agissait maintenant de persuader le jeune roi yougoslave de renvoyer le gouvernement royal de Bozidar Puric, et ainsi de se démarquer de Mihailovic, pour nommer Subasic à la tête du nouveau gouvernement qui devrait mener les pourparlers avec Tito.[50] Churchill et son ministre des Affaires Étrangères, Anthony Eden,  menèrent une campagne de persuasion durant des mois, mais ce fut seulement après que le roi Pierre reçut la lettre du président Roosevelt l’invitant à nommer Subasic, et que le Général Donovan en personne l’ait invité de confier le destin de son royaume à l'ancien gouverneur de Croatie, qu’il se décida, le premier juin 1944, de nommer Subasic comme président et seul membre du nouveau gouvernement royal.[51] 

            L’ingérence de l’OSS ne s'était pas limité aux recommandations, car, avec Subasic, l’OSS avait dépêché à Londres l’un de ses officiers, Bernard Yarow pour lui prodiguer des conseils officieux et en même temps pour informer Washington sur le déroulement des négociations entre le roi et le gouvernement britannique.  Puisque le roi yougoslave était au courant de la mission de Yarow, les autorités britanniques étaient en effet les seules à ignorer l’existence de l’opération Shepherd, laquelle d’ailleurs ne s’arrêta pas  avec la nomination de Subasic.[52] Subasic et Yarow rédigèrent ensemble le programme de nouveau gouvernement, et l’envoyé américain participa aux discussions décisives entre le roi et Subasic avant que le Pierre II ne l’accepte.[53] Les contacts entre Subasic et l’agence américaine à travers Yarow ont continué, après une pause pendant l’été 1944 dûe aux réserves du Département d’État, lors des séjours de Subasic dehors de la Yougoslavie jusqu’au moment où il se retira de la vie politique en septembre 1945.[54]

            L’analyse ainsi faite démontre que c’était le manque d’intérêt de l’armée américaine pour la Yougoslavie qui a le plus influencé son avenir. Dans une alliance alliée devenue dés 1943 effectivement bipolaire et non comme jadis tripartite, la décision américaine de laisser l’Armée Rouge entrer dans le pays, signifiait que l’influence soviétique y aurait été prédominante, et que le mouvement de résistance dirigé par les communistes aurait gagné la guerre civile. Dans cette perspective tous les efforts du premier ministre britannique ne pouvaient plus changer le cours des événements. Surtout parce que l’agence américaine de renseignements avait considérablement aidé les partisans d’abord militairement, et ensuite en leur accordant avec le rapport de Weill, ce qui fut d’ailleurs beaucoup plus important, leurs lettres de créances démocratiques. Par conséquent, la seule influence directe du président américain sur les événements en Yougoslavie, fut de promouvoir l’homme de confiance américaine, à savoir Subasic, au poste du premier ministre yougoslave. Néanmoins, il n’était pas censé mettre en oeuvre une politique américaine autre que de trouver un accord avec Tito. L’enjeu principal de cette opération pour la diplomatie américaine n’était pas le sort de la Yougoslavie mais la stabilité de la coalition anti-allemande. L’avenir politique de la Yougoslavie dans cette manière ne dépendait ni de l’issue de la guerre civile, ni de l’efficacité des mouvements de résistance dans leur lutte contre l’ennemie, mais des rapports dans la coalition alliée, où le manque d’intérêt des Américains était nettement plus important que tous les efforts et les gesticulations diplomatiques du premier ministre britannique.

 

                                                                                                          Vojislav Pavlovic

                                                                                                          docteur en histoire



[1]Robert Dallek, Franklin D. Roosevelt and American Foreign Policy 1932-1945, New York 1979, p. 410-411.

[2]Matloff, Strategical Planning for Coalition Warfare 1943-1944, vol. I, Washington 1959, p. 229

[3]L’accord entre Donovan et Gubbins, Londres le 26 juillet 1943, Archives nationales des Etats Unis à Washington, (par la suite NAW), fond 226, bôite 88/1, fichier 190.

[4]Kirk Ford, OSS and the Yugoslav Resistance 1943-1945, Austin 1992, p. 12.

[5]Bogdan Krizman, NDH izmedju Hitlera i Mussolonija, (L’Etat indépendant croate entre Hitler et Mussolini), Zagreb 1983, p. 117-137.

[6]Mateo Milazzo, The Cetnik Movement and the Yugoslave resistance, Batltimore 1975, p. 14-17; Karchmar, Draza Mihailovic and the Rise of the Cetnik Movement, 1941-1942, New York 1987, p. 80-81: Vladimir Dedijer, Josip Broz Tito, Prilozi za biografiju, (Tito, éléments d’une biographie), Belgrade 1953, p. 295.

[7]Donovan à John Deane, secrétaire de l’Etat Majeur des armées, Washington 20 aôut 1943, NAW, fond 226, bôite 88/1, fichier 190.

[8]Idem.

[9]Idem.

[10]John Dean à Donovan, Washington le 7 séptembre 1943, NAW, fond 226, microfilmes  groupe M 1642, rouleau 131.

[11]Buxton au colonel Othank, Washington le 9 novembre 1943, Idem.

[12]Note du centre de l’OSS à Caire,  le Caire le 31 janvier 1944, Idem.

[13]Mémoire de l’OSS, OSS contacts avec Titi via Italie, Idem.

[14]Wiiliam, R. Roberts, Tito, Mihailovic and the Allies1941-1945, New Yersey 1973, p. 148.

[15]Dokumenti o spoljnoj poltici SFRJ 1941-1945, (Documents sur la politique étrangère de la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie), série rouge, vol. I, Belgrade 1984, p. 396-402.

[16]A.C. Brown,  The Last Hero. Wild Bill Donovan, New York 1982, p. 445.

[17]Memoire de Huot, Trip to Tito’s Headquarters in Jajce 20-27 October 1943, NAW, fond 226, groupe 648, bôite 71, ficihier 144.

[18]Idem.

[19]Hans Tofte à Edward Buxton, collaborateur et substitut de Donovan, Washington le premier avril 1944, NAW, fond 226, M1642, rouleau 131.

[20]Roberts, op. cit, p. 151.

[21]Ford , op. cit, p. 79, 80.

[22]Farish à Hout, Bari le 29 octobre 1943, NAW,  fond 59, série 860.H.01/644.

[23]Le rapport de Weill sur sa mission en Yougoslavie, Washington le 27 avril 1944, , NAW, fond 226, M 1642, rouleau 131.

[24]Idem.

[25]Idem.

[26]Idem.

[27]Eduard Mark, American policy towards Eastern Europe and the origins of the Cold War, 1941-1946: an alternative interpretation, Journal of American History, 68 (2), 1981, p. 320,321; Warren F. Kimbal, The Juggler, Franklin Roosevelt as a Wartime statesman, Princeton, 1991, p. 102, 169; Bruno Arcidiacono, L’Europe balkanique entre guerre et paix, relations interalliées et partage en sphères, Relations internationales, 47, (3), 1986, p. 352-354.

[28]John Hughes à Edward Buxton, New York le 26 août 1943, NAW, fond 226, dossier 160, bôite 26, fichier 167. 

[29]Ante Smith Pavelic,  Dvije akcije bana Subasica, (Deux actions de Subasic), Hrvatska revija,  Buenos Aires 1960, année X, vol. 4, p. 633.

[30]Idem, p. 634; Bernard Yarow à Jonhn Hughes, New York le 21 septembre 1943, NAW, fond 226, dossier 160, bôite 26, fichier 167. 

[31]Jonh Hughes à Whitney Shepardson, Washington 16 octobre 1943, Idem. 

[32]La lettre de Subasic à Roosevelt, Washington le 19 octobre 1943, Idem. 

[33]Donovan à Roosevelt, Washington le 21 octobre 1943, Idem. 

[34]Roosevelt à Churchill, Washington le 22 octobre 1943, Lowenheim, Langley, Jonas, Roosevelt and Churchill. Their Secrete Wartime Correspondence, New York 1990, p. 384-385.

[35]Churchill à Roosevelt, Londres le 23 octobre 1943, Idem, p. 385-386.

[36]Edward Stettinius à Roosevelt, Washington le 30 octobre 1943, Les pariers de Cordel Hull, dossier 49, fichier 378, La Bibbliothèque du Congrès à Washington.

[37]Compte rendu de la conférence entre Roosevelt, Churchill et Staline, Téhéran le 28 novembre 1943, FRUS, Conférences at Cairo, and Téhéran, 1943, Washington 1961, p. 494.

[38] Idem, p. 494.

[39] Sainsbury, The Turning Point, Roosevelt, Churchill and  Chiang- kai-Shej, 1943. The Moscow, cairo, and Teherén Conferences. Oxford 1986. p. 240-241.

[40]Compte rendu de la conférence entre Roosevelt, Churchill et Staline, Téhéran le 28 novembre 1943, FRUS, Conférences at Cairo, and Téhéran, 1943, Washington 1961, p. 493-496.

[41]Hugh Wilson à Withney Shepardson, Washington le 21 décembre 1943, NAW, fond 226, dossier 160, bôite 26, fichier 167. 

[42]Hugh Wilson à Withney Shepardson, Washington le 29 janvier 1944, Idem; Eaden à Stevenson, Londres le 7 février 1944, Public Record Officce (par la suite PRO), Foreign Office (par la suite FO), 1816/195/92 44924.

[43]La centrale de l’OSS à Washington au bureua régional à Caire, Washongton le 23 décembre 1943, NAW, fond 59, série 860.H.01/619A.

[44]Churchill à Tito, Afrique le 8 janvier 1944, Dusant Biber, Tito, Churchill strogo tajno,  (Tito, Churchill, très confidentiel), Zagreb 1981,p. 75.

[45]John Tummin à Withney Shepardson, Caire le 15 février 1944, fond 226, dossier 68, bôite 6, fichier 90.

[46]Maclaine à Eden , le 2 mars 1944, Biber,  op. cit,  p. 97.

[47]Dragovan Sepic, Vlada Ivana Subasica, (Le gouvernement de Ivan Subasic), Zagreb 1983, p. 101.

[48]Tito à Churchill, le 9 février 1944, Biber,  op. cit, p. 86-87.

[49]Roberts, op. cit,  p. 210; Ilija Jukic,  The Fall of Yugoslavia, New York 1968, p. 232.

[50]Note sur l’entretien entre le roi Pierre II et Churchill, Londres le 14 avril 1944, PRO, FO 371, 44269/3051/1192.

[51]Jukic, op. cit,  p. 232; Roosevelt à roi Pierre II, Washington mai 1944, Foreign Relation of the United States, 1944, vol. IV Europe, p. 1366-1368.

[52]Donovan à Roosevelt, Washington le 22 mai 1944, Les Archives de Président Roosevelt, Hyde Park, les Papiers de Sécretaire de Présdient, bôite 4.

[53]Yarow à Shepardson, Londres le 2 juin 1944, NAW, fond 226, dossier 168, boîte 26, fichier  160.

[54]Note sur l’entretien de Yarow et Shepardson avec  sous-secrétaire d’Etat, Cloyce  Holmes, Washington le 8 juin 1945, NAW, fond 59,  860.H.00/6-845.