Une conception traditionaliste de la politique orientale de la France

Le vicomte Joseph de Fontenay, envoyé plénipotentiaire auprès du

Roi Pierre Ier Karageorgevitch (1917-1921)

 

“La Petite Entente sera, au contraire, entre nos mains, de par la volonté de ses auteurs, le plus bel instrument d’autorité dont nous disposerons dans l’Est d’Europe, si toutefois nous n’en laissons échapper la direction”.”

Ainsi le vicomte de Fontenay résumait en mars 1921, à la fin de sa mission à Belgrade, sa vision de la politique française en Europe orientale. Pour lui, la France se devait de soutenir les petits peuples à l’Est de l’Europe, pour créer ainsi une alliance de revers, qui lui serait complètement dévouée. Le maillon essentiel de cette chaîne était la Serbie d’abord et le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes ensuite. Depuis son premier séjour à Belgrade en 1905, mais surtout dès son affectation auprès de la cour serbe en septembre 1917, le vicomte de Fontenay consacra tous ses efforts à la consolidation de l’alliance franco–serbe. Son dévouement à cette tâche  était tel que parfois, cherchant à concilier les intérêts de ses hôtes avec ceux de sa patrie, il s’éloignait sensiblement de la ligne officielle. Ce sont précisément ces écarts à l’égard de la politique du Quai d’Orsay qu’on essayera d’analyser en suivant deux grandes idées qui animèrent son activité diplomatique: la naissance de la Yougoslavie et la création de la Petite Entente.

Au-delà de ces idées son activité diplomatique fut surtout animée par la volonté de s’opposer à l’influence germanique dans les Balkans. Or, depuis le coup d'Etat de mai 1903, la politique étrangère serbe, personnifiée par Nicolas Pasic, chef du parti radical serbe, avait précisément la même orientation. Il n’est donc pas étonnant que l’entente entre les deux hommes ait été, dès la nomination de Fontenay, parfaite. Pasic, comme Fontenay le disait avec admiration, n’avait jamais accepté que son pays soit, comme au temps de la dynastie des Obrenovic,  le client du puissant voisin autrichien [1]. Fontenay, quant à lui, issu d’une famille de diplomates, né en Allemagne, à Cassel, en 1864, titulaire d’un doctorat en philosophie à Leipzig, malgré, ou peut-être justement à cause de son expérience personnelle, appartenait à ce courant de pensée français qui voyait l’ombre du Reich allemand obscurcir l’avenir de sa patrie depuis sa naissance à la Galerie des Glaces.

Cette identité des vues entre l’envoyé français et le président du Conseil serbe pose la question de l’originalité des idées de Fontenay. Or, il faut souligner que la naissance du sentiment serbophile chez Fontenay précéda la coopération avec Pasic. Outre son premier séjour à Belgrade, Fontenay côtoya les Serbes comme envoyé français en Albanie, en 1914 et en 1916, mais surtout lors de ses passages au front de Salonique. Sa mission, à la demande du général Sarrail, à Koritza auprès d'Essad Pacha en novembre 1916 et en septembre 1917 témoignait de son engagement dans une politique française visant à se créer de solides relais dans les Balkans. Il soutint donc, la coopération balkanique entre la Roumanie, la Grèce et la Serbie dont la raison d’être était l’alliance anti-bulgare. Pasic et  Romanos, envoyé de Grèce à Paris, soutenue par l’homme d’État roumain Take Ionesco, présentèrent le 27 novembre 1918 à Stéphane Pichon, ministre des Affaires Etrangères français, le projet d’alliance de leurs pays, fondé sur le respect des droits des nationalités. Mais ils désiraient, surtout, que la Bulgarie, à cause de sa conduite depuis 1913, ne puisse pas bénéficier des avantages territoriaux au-delà de ce qu’elle avait eu par le traité de Bucarest [2]. Tandis que Pichon soulignait que la décision sur les questions évoquées appartenait au Congrès de la Paix, Fontenay y voyait le fondement de la paix future dans les Balkans. Malgré la position réservée du Quai d’Orsay, il avait soutenu quasi inconditionnellement les pays qui avaient noué avec les Français une fraternité d'armes en Orient et il continuait à travailler sur leur alliance, malgré les différends concernant le tracé de leurs frontières respectives qui mettaient sa politique à rude épreuve. L’alliance balkanique n’était qu’un aspect de sa politique visant à créer une barrière contre l’avancée de l’influence allemande dans les Balkans, dont les Serbes restaient la pièce maîtresse, comme  noyau dur  de la future Yougoslavie. Or, il luttait surtout pour la création d’une grande Yougoslavie, capable de participer avec d’autres pays issus de l’Autriche-Hongrie tels que la Pologne et la Tchécoslovaquie à la formation d’une ceinture d’Etats slaves autour de l’Allemagne.[3]

 

2. La naissance de la Yougoslavie

Après la défaite bulgare, l’union des Serbes avec leurs compatriotes, les Croates et les Slovènes de l’Autriche–Hongrie, devenait probable. Dans cette perspective, Fontenay, encore une fois, avait une position plus proche de celle de Pasic que de celle de son ministre de tutelle. Il était résolument partisan de la création d’une Yougoslavie forte, unie, centralisée, car elle aurait été capable de soustraire les anciennes provinces habsbourgeoises aux influences allemandes et de permettre l’épanouissement de l’influence française.C’est pourquoi il oeuvrait pour l’union autour de la Serbie, malgré les réserves du Quai d’Orsay, lié par ses obligations envers l’Italie, dues au traité de Londres, et soucieux de respecter les aspirations des Slaves de Sud vivant dans la Double Monarchie. Pour Fontenay les Serbes avaient lutté pendant quatre années contre l’impérialisme austro–hongrois afin de libérer leurs frères d’outre Save et Danube. Les ayant libérés, le gouvernement serbe était prêt à leur laisser le choix de rejoindre un Etat commun ou de constituer un Etat à eux. Fontenay expliquait son soutien à la vision serbe de l’union yougoslave de la manière suivante:

“La Yougoslavie constituée..., doit devenir le prolongement moral de la France en Orient et l’instrument dont elle se servira, dans l’avenir, pour maintenir la paix dans les Balkans, pour refouler les velléités d’un retour offensif du germanisme dans son “Drang nach Osten”, pour contrebalancer ce que les ambitions de l’Italie pourraient avoir d’excessif. Mais, pour atteindre ce but il faut que la Yougoslavie ait conscience de devoir son existence plus spécialement à la France. Déjà un tiers du futur Etat nous voue une reconnaissance évidente, les Serbes n’oublieront pas de  sitôt ce qu’ils nous doivent, nous devons maintenant lier à nous, de la même façon, les deux autres tiers, les Croates et les Slovènes. Le jour où nous aurons proclamé leur existence légale- leur indépendance - ils ne pourront plus rien nous refuser”[4].

Toute autre solution de la question yougoslave, telle que la création d’un Etat des Yougoslaves distinct de la Serbie, ou d’une confédération avec la Serbie, aurait des conséquences néfastes pour la France. Fontenay considérait la prolifération de petits Etats à l’Est comme une source d’instabilité, car ils auraient été rivaux et exposés aux influences voisines, d’où un danger pour la paix en Europe. En même temps, il croyait que les Serbes de l’Autriche–Hongrie voudraient s’unir avec la Serbie, ce qui provoquerait des conflits avec les Croates, vu qu’ils étaient entremêlés. D’autre part, il estimait l’idée même d’une confédération comme un héritage habsbourgeois; une union confédérale subirait de plus l'influence des intrigues étrangères visant à la dissocier, et en premier lieu celles de l’Italie cherchant  à remplacer l’influence autrichienne dans les Balkans[5].

Les concepts défendus par Fontenay n’étaient autres que ceux de Pasic. Pichon avait déjà refusé de soutenir officiellement l’union des Serbes avec les Yougoslaves d’Autriche–Hongrie, sans qu’il y ait accord préalable entre eux[6]. Les Alliés, lors de la réunion du Conseil Supérieur de la Guerre, le 31 Octobre à Versailles, consacrée à l’armistice avec la Double Monarchie, decidèrent d’occuper les territoires accordés à l’Italie par le traité de Londres[7]. Philippe Berthelot, directeur adjoint des Affaires politiques et commerciales au Quai d’Orsay, non seulement n’avait pas soutenu les exigences serbes, mais il considérait que personne ne pouvait demander à la France de renier sa signature du Traité de Londres[8]. Le président du Conseil, Georges Clemenceau, avait même, à la demande de son homologue italien Orlando, pris l’engagement le 5 novembre de ne reconnaître aucun Etat yougoslave avant l’application des clauses de l’armistice[9]. De cette façon, la France accordait incontestablement la priorité aux exigences italiennes, au point que Clemenceau ne considérait nécessaire que la sauvegarde des intérêts politiques des Serbes exclusivement en Bosnie et Herzegovine et au nord de la Save et du Danube[10]. Il avait même une vision complètement différente de l’organisation de l’Europe centrale après la guerre, car, quoiqu'il prévoyait la création de la Yougoslavie, il invitait les représentants des Yougoslaves de la Double Monarchie à considérer la possibilité de s’associer à l’Autriche au sein d’une confédération danubienne. Son intention évidente était d’empêcher l’union de l’Autriche avec l’Allemagne[11].

Le rôle de barrière à l’est, assigné par Fontenay à la Yougoslavie créée par les Serbes, ne coïncidait point avec la politique du Quai d’Orsay. La diplomatie française ne voulait pas d'une Yougoslavie dominée par les Serbes, elle accordait encore moins de crédibilité à sa capacité d’être le garant de la paix dans l’Europe Orientale. Sa préoccupation principale était d’empêcher, après la dissolution de la Double Monarchie, l’agrandissement  de l’Allemagne par l’annexion de l’Autriche. Donc, malgré les efforts de Fontenay, l’union des Yougoslaves s'était faite le premier décembre sans l’aide de la France et sans un accord sur l’organisation interne du pays. La création d’une alliance de revers ne sera pas à l’ordre du jour de la diplomatie française  avant 1920, et les questions sur sa nature - l’alliance des petits Etats de l’Europe de l’Est ou la création d’une nouvelle confédération remplaçant la Double Monarchie - relanceront, au sein de la diplomatie française, le débat dont Fontenay était un des participants.

 

3. La Petite Entente

Après que la France eût, le 4 juin 1919, reconnu officiellement le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, Fontenay s'est trouvé confronté aux problèmes de l’établissement de ses frontières. Dans les différends, opposant le Royaume à l’Italie et à la Roumanie, l’envoyé français défendait les intérêts de celui-ci, cherchant toujours à en faire le socle de la politique française en Europe orientale. Il multiplia donc les témoignages prouvant l’attachement et le dévouement des Serbes à la France. Poursuivant sa politique de l’alliance balkanique, il s’engagea  à aplanir les différences entre le Royaume SHS et la Roumanie, provoquées par la question du Banat. Au début, n’étant pas particulièrement favorable à une alliance entre les deux pays balkaniques et la Tchécoslovaquie, il a, par la suite, apporté son soutien au projet tchèque d’entente à trois contre le révisionnisme hongrois.

Dans un premier temps Fontenay, ainsi que son chargé d’affaires à Belgrade Grénard, multiplièrent des rapports sur un sourd mécontentement des Serbes provoqué par le sentiment d’avoir été délaissés par la France à propos de Fiume et du Banat, abandonnés aux Italiens et Roumains respectivement.[12] Fontenay attribuait ce mécontentement aussi aux Croates et Slovènes qui n’avaient pas accepté les solutions imposées par le Congrès de la paix - en dépit du principe de l’autodétermination - laissant un bon nombre de leurs co-nationaux sous l’emprise des Italiens. Il expliquait leur comportement surtout par leur sentiment un peu hâtif d’avoir été des vainqueurs de cette guerre, tout en oubliant trop vite le rôle libérateur de la France. Par contre, les “ Vieux Serbes ” n’avaient jamais oublié l’aide de la France, et n’ont jamais cru qu’elle pourrait les abandonner. En conclusion il disait pour les Croates et les Slovènes que:

“Il faut laisser au temps et à notre propagande le loisir de gratter l’enduit épais et résistant, le vernis séculaire schwarz–gelb (noir et jaune) de supplanter chez eux  la mentalité autrichienne. Pour cela nos efforts personnels seront secondés par les “Vieux Serbes”, ceux sur lesquels nous pouvons compter  et qui nous gardent - malgré certains procédés sommaires dont ils ne nous imputent d’ailleurs pas la faute - une profonde reconnaissance”[13].

Le soutien des Serbes et du gouvernement du Royaume s’est démontré dans les faits lors de la crise provoqué par le retour de l’armée allemande dans la Ruhr en mars 1920 et de l’occupation française de Francfort, de Darmstadt et de trois autres villes allemandes qui s’ensuivit. Encore une fois les “ Vieux Serbes ” témoignèrent un dévouement sans faille à la France et le ministre des Affaires étrangères, Miroslav Spalajkovic, vint personnellement exprimer à Fontenay son amitié pour la France.[14] Fontenay expliquait la position des Serbes de la manière suivante:

“Les Serbes ne sont pas de ceux qui craignent que la France soit trop agrandie par l’incomparable victoire que lui a valu le sacrifice de tant de ses enfants et la fermeté de ses dirigeants, elle sait ce que vaudra pour les petits peuples le rôle prépondérant de la France qui répandra sa politique traditionnelle”[15].

Suivant précisement cette politique traditionnelle, Fontenay s’efforça de permettre une réconciliation entre les Roumains et les Yougoslaves. Il s’y employait avec d’autant plus de vigueur que le véritable auteur de la mésentente, le président du Conseil roumain, Jean Bratiano, n’était plus au pouvoir. Il fut aidé par l’envoyé roumain à Belgrade, Langa-Rascano. Il cherchait toutes les occasions possibles de mettre en contact l’envoyé roumain avec les hommes d'Etat yougoslaves, tels que Anton Korosec, le président du Conseil, Milenko Vesnic  ou même son vieil ami Nicola Pasic[16]. Grâce aux efforts de l’envoyé roumain à Belgrade, la situation fut  débloquée. Le ministre des Affaires etrangères roumain  envoya un message d’amitié à Vesnic qui à son tour manifesta le désir de rétablir les relations amicales entre les deux pays.[17]

Fontenay se saisit de l’occasion pour proposer à Vesnic une rencontre entre les représentants des deux pays lors de la fête des Sokols à Prague. Il donna même un caractère officiel à son projet en présentant à Vesnic son initiative comme celle du gouvernement français. Pour permettre sa réalisation, il proposa au président du Conseil, Alexandre Millerand, que l’envoyé français à Prague fasse en sorte que les délégués serbes et roumains puissent se réunir dans la légation française[18]. Sa suggestion fut transmise à Prague, lui donnant une approbation implicite. Malheureusement, l’envoyé français à Prague n’était pas en mesure d’organiser la rencontre souhaitée, mais il rapporta que c’était le ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque, Edouard Bénès, qui le fit. Selon lui, malgré des discussions assez vives, il eut l’impression que la question du Banat pourrait être résolue. Or, il se proposait de se rendre le mois suivant à Belgrade et à Bucarest pour continuer les négociations[19].

De cette façon la politique purement balkanique de Fontenay, apparemment secondée par le Quai d’Orsay, débouchait sur la relance de la coopération entre la Tchécoslovaquie et les deux voisins balkaniques. En fait il s’agissait d’un ancien projet de Bénès. Déjà en décembre 1919, Trumbic et l’envoyé tchèque à Paris en avaient discuté[20], ce dont les autorités françaises eurent les premiers indices dès le début de décembre. Les services de renseignements de l’armée française rapportèrent de Vienne la rumeur de l’existence d’une alliance militaire, offensive et défensive, entre le Royaume SHS et la Tchécoslovaquie, orientée contre l’Italie et l’Autriche [21]. Mais en fait, c ’était contre la Hongrie que le projet d’alliance était exclusivement orienté. Les Tchèques craignaient surtout une revanche hongroise dont l’objectif aurait été la prise de villes slovaques à l’instar de la prise de Fiume par d’Annunzio. Comme il n’y avait pas de conflits entre eux et les Yougoslaves, ils étaient à l’origine des pourparlers, qui avaient débuté dès décembre 1919[22]. Les négociations  se poursuivirent en janvier et février 1920, mais la tentative de coup d'Etat de Kapp en Allemagne leur donna une importance accrue. En le considérant comme l’annonce d’un mouvement révisionniste qui ne manquera pas de s’étendre à l’Autriche et à la Hongrie, le gouvernement tchécoslovaque avait proposé au gouvernement yougoslave d’accepter la mise en oeuvre de leur coopération militaire, même si la convention n’en avait pas encore été singée [23].

Belgrade était assez préoccupée par l’attitude hongroise car, selon Spalajkovic, les Hongrois avaient toujours les yeux rivés sur l’Allemagne[24]. Fontenay, de son côté, considérait les craintes yougoslaves fondées, car il pouvait constater personnellement que les Hongrois vivant dans le Royaume SHS ne s’attendaient pas à rester sous autorité serbe. Pour eux, leur situation n’était que provisoire, car ils étaient persuadés que la Conférence de Paix leur permettrait de rejoindre la mère-partie[25].Malgré l’orientation résolument anti–hongroise de leur politique étrangère, Fontenay a pu constater que les Yougoslaves n’étaient pas pressés de conclure une convention militaire avec Prague. L’annonce de l’arrivée d’une mission militaire tchèque, censée exercer une pression en vue de la conclusion de la convention, ne provoqua pas d’enthousiasme à Belgrade. Les préjugés contre les Tchécoslovaques y étaient assez prononcés. Ils étaient considérés comme peu Slaves, trop proches des Allemands mais on leur reprochait surtout d’avoir conclu un accord commercial avec les Italiens pour le transport de leurs marchandises par le port de Trieste [26]. Le Prince Régent Alexandre avait même dit à Fontenay qu’il ne voyait point de raison à la conclusion d’une convention militaire, nécessairement vague, car elle devait être publiée. Pour lui, en cas de danger, l’accord se réaliserait automatiquement. De plus, on doutait à Belgrade de la capacité des Tchécoslovaques à former une armée solide, car on craignait l’influence socialiste sur ses recrues.[27]

Il faut noter l’absence visible de soutien de Fontenay au projet de l’alliance entre le Royaume SHS et la République Tchécoslovaque. C'est seulement après qu’il eût été informé de la démarche tchèque à Paris en faveur d’une alliance à trois entre le Royaume SHS, la Roumanie et la Tchécoslovaquie, que Fontenay y apporta son concours:

“On ne saurait assez encourager la diplomatie tchécoslovaque à persister dans la direction qu’a indiqué M. Ossusky; elle répond trop au but que je me suis proposé de mon côté pour que je ne souhaite de voir aboutir des intentions que je considère comme indispensables pour l’établissement de la tranquillité dans  l’Europe orientale, et par conséquent de la paix en Europe. La base de la tranquillité sera un groupement solide entre les nouveaux Etats ou agrandis qui , à  l’est des pays allemands, constitueront une menace constante sur les arrières du germanisme.....Il faut profiter des circonstances qu’offrent pour le constituer les sentiments du danger commun provenant de la Hongrie, mais il faut surtout que ce bloc continue à subsister plus tard, pendant la paix”[28].

Pour Fontenay, la tâche principale restait toujours la conclusion d’une alliance entre son pays d’accueil et la Roumanie[29]. C’était donc sans son aide et sur  l’initiative des ministres Stojan Pribicevic et Momicilo Nincic, qui participèrent à la fête des Sokols à Prague, que le gouvernement yougoslave se  décida en juillet à conclure un accord formel avec Prague. Ces ministres apportèrent de Prague l’impression que l’armée tchèque était entre les mains d’officiers français, et de ce fait ils tirèrent la conclusion que l’accord en question aurait été placé sous les auspices de la France. Fontenay ne fit rien pour les dissuader, quoiqu'averti que leur accord aurait été orienté contre la Hongrie et la Pologne. La guerre faisant rage entre Polonais et Soviets, et la France aidant considérablement la Pologne, son attitude paraît étonnante. Il se limita à dire que si l’accord prévoyait une garantie des frontières tchécoslovaques, il ne serait pas conclu dans l’immédiat, car les Yougoslaves n’étaient en aucun cas prêts à combattre les grands frères Russes[30].

Comme Fontenay le prévoyait, l’accord ne fut conclu que lors de la visite de Bénès à Belgrade. Sa visite était prévue pour juillet mais, comme il l’expliqua à Fontenay, il avait été obligé de la repousser à cause de l’attaque des Soviets sur Varsovie. Une fois le danger écarté, il put conclure un accord politique défensif exclusivement orienté contre la Hongrie. C’était d’autant plus facile qu’il précisait à ses hôtes que leur accord ne les entraînerait pas dans une guerre contre les Russes. La Hongrie pour lui était l’ennemi principal, vu qu’elle était l’alliée de toujours de l’Allemagne, qui serait agrandie par l’absorption inévitable des Allemands d’Autriche. C'est précisément contre cette alliance entre les Hongrois et les Allemands, que Bénès disait vouloir constituer l’entente à trois avec le Royaume SHS et la Roumanie. Il lui fallait encore mettre d’accord Belgrade et Bucarest.[31]

L’accord entre le Royaume SHS et la République Tchécoslovaque fut signé le 14 août 1920 à Belgrade. Il prévoyait une alliance défensive contre la Hongrie, et la possibilité pour la Roumanie de se joindre aux parties contractantes était prévue. Cet accord, qui ne provoqua aucune réserve de la part de Fontenay, posait un certain nombre de problèmes à la diplomatie française. Tout d’abord, Fontenay était conscient que l’accord, outre son caractère anti-hongrois, visait également à empêcher l’alliance entre Polonais et Hongrois. Fontenay avait entendu dire au Ministère des Affaires étrangères SHS, en mai, que l’entente entre Budapest et Varsovie était forcément orientée contre Prague, et que de ce fait la politique de Belgrade pourrait se résumer ainsi: “Nous devons nous entendre avec les Tchécoslovaques, ce sont nos alliés naturels; si donc on travaille contre eux, on travaille aussi contre nous”[32]. Fontenay y voyait une intrigue des Russes, dont l’objectif était d’empêcher une entente entre Yougoslaves et Polonais. La politique à suivre selon lui était de conseiller aux Polonais de ne pas s’associer aux Hongrois.[33]

Le problème était vu sous une tout autre perspective à Paris. L’intérêt accordé à la survie de la Pologne, le principal allié français et contre l’Allemagne et contre les Soviets, imposait à la diplomatie française d’avoir un autre ordre de priorités à l’Est de l’Europe. Une alliance entre la Pologne, - qui se trouivait en pleine guerre contre les Soviets -  la Hongrie et la Roumanie aurait eu l’avantage de constituer un bloc solide contre les Soviets.[34] Le secrétaire général du Quai d’Orsay, Paléologue, y voyait un élément important de sa stratégie visant à créer une entente économique entre les pays vainqueurs et vaincus de l’Europe orientale sous la houlette française. Cette nouvelle vision de la politique orientale de la France était fondée sur des accords commerciaux conclus entre la France et la Hongrie. Ainsi le projet d’une entente économique se dessinait regroupant la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie et le Royaume SHS, l’Autriche y serait associée ensuite.[35]

Les actions de Fontenay ne démontrent pas qu’il s’est employé à suivre cette nouvelle orientation de la politique étrangère française. Au contraire, il est évident qu’il a tout fait pour empêcher sa mise en place en soutenant le rapprochement entre Prague et Belgrade. Sa politique était résolument anti–hongroise et contre toute tentative de confédération danubienne, ne fut-elle qu'économique. Encore une fois il était en parfait accord avec ses hôtes. Les Yougoslaves, Serbes et Croates y voyaient le premier pas vers une restauration de la Double Monarchie.[36] Le respect des traités était la condition sine qua non de leur politique étrangère, et précisément pour empêcher tout projet, - même celui, prêté aux Français, d'une confédération économique danubienne - ils acceptèrent l’accord avec la Tchécoslovaquie. Mais en soutenant l’entente de ses hôtes avec les Tchécoslovaques, Fontenay se prêtait à une politique opposée à  celle de son gouvernement, dont Paléologue expliqua, à la fin juillet, les lignes directrices à Bénès:

“Toutefois, nous ne saurions méconnaître  que la Hongrie existe en fait au centre de la région danubienne et qu’elle y constitue une force explosive très redoutable. Nous ne  pouvons pas supprimer cette force, mais nous pouvons la contenir, la modérer, et au besoin, la diriger. Si vous assurez d’une façon  manifeste la défense efficace des Carpathes orientales et si, pour raffermir cette défense, vous vous mettez en liaison étroite avec l’armée roumaine de Bukhovine, vous enlevez ainsi aux Hongrois tout prétexte d’intervention..... Je ne saurais donc trop vous conseiller d’organiser le plus tôt possible la défense de vos provinces ruthènes avec l’Etat-Major roumain”[37].

Le projet du ministre des Affaires étrangères roumain, Take Ionesco, d’une entente à cinq avec, outre les trois membres initiaux de la Petite Entente, la Pologne et la Grèce, n’a eu non plus l’approbation du Quai d’Orsay, car il isolait la Hongrie. Après Belgrade, Bénès se rendit à Bucarest, où Ionesco lui proposa une alliance qui prendrait en compte non seulement la menace hongroise, mais aussi celle de la Bulgarie. Il prévoyait donc que la Grèce devrait faire partie de la Petite Entente, et que la Pologne, une fois la guerre terminée, pourrait s’y joindre[38]. Aucun accord formel ne fut conclu à Bucarest, car les Roumains ne se sentaient pas à ce point menacés par la Hongrie, et d’autre part la question du Banat restait une source de litige avec le Royaume SHS.[39]

Il est évident que les pays membres de la Petite Entente considéraient leur alliance comme une série de traités leur assurant la garantie contre les ambitions révisionnistes de leurs voisins vaincus dans la guerre, tandis que Paléologue cherchait à établir, - sans faire la différence entre les vainqueurs et les vaincus - une coopération économique permettant l’essor de la région entière. En conséquence  Millerand conseillait aux gouvernements polonais et grec de ne pas rallier la politique visant à isoler davantage Budapest en l’obligeant ainsi à se rapprocher de l’Allemagne[40]. La diplomatie française estimait même que la Petite Entente était dirigée contre les intérêts français[41]. Paléologue a personnellement fait savoir à Bénès et à Pasic, en septembre à Paris, qu’il ne souhaite pas voir la Roumanie se joindre à leur entente[42]. La mésentente entre la France et ses alliés traditionnels était telle que les journaux belgradois attaquèrent la France à cause de sa politique censée prôner la création de la confédération danubienne, jugée incohérente, car elle s’appuyait en même temps sur les pays vaincus et les pays vainqueurs[43].

Dès le changement de gouvernement en France et l’arrivée de Georges Leygues au Quai d’Orsay, le 25 septembre 1920, la politique française reprit son orientation traditionnelle, donnant implicitement son approbation à la Petite Entente, et invitant la Pologne à s’y joindre. Leygues résuma ainsi la nouvelle appréciation française de la Petite Entente:

“En réalité, une telle entente, si elle n’est dirigée contre personne, si elle se contente de s’assurer contre toute menace hongroise ou bulgare et cherche à renouer des lignes économiques avec les anciens ennemis, avec l’Autriche en particulier, qui a tant de peine à subsister, si elle est solidement basée sur  l’exécution  intégrale et loyale des traités de Versailles, de Saint–Germain, de Trianon et de Sèvres, ne peut avoir que la pleine approbation de la France..... La Roumanie, qui souhaite l’alliance polonaise et y voit une garantie nécessaire, est toute indiquée pour rapprocher la Pologne et la Bohême et pour réaliser l’entente à cinq, Serbes, Tchèques, Roumains, Grecs, Polonais, qui seule peut mettre ce pays à l’abri de tout risque et préparer la reconstitution pacifique de l’Europe centrale, en dehors de l’hégémonie allemande, à l’abri de la menace bolchevique, pour la plus grande sécurité des Alliés, et en particulier la France, dont la politique traditionnelle a toujours été de  défendre la liberté des petits peuples de l’Europe en s’appuyant sur leur union”[44].

La démission de Paléologue permit l’abandon de la politique hongroise et le nouveau secrétaire général du Quai d’Orsay, Philippe Berthelot, renoua avec sa politique tchècophile, d’où l’essai d’incorporer les principaux alliés français dans le système des alliances imaginé par Bénès. Fontenay, quant à lui, était singulièrement absent de Belgrade depuis la signature du traité avec la Tchécoslovaquie. Dès son retour il put se réjouir de la nouvelle orientation de la politique française:

“Puissent se calmer enfin les visionnaires à faux qui ont mené dans notre presse l’absurde campagne contre la Petite Entente, groupement qui sera dans  l’avenir la base de notre politique d’encerclement du germanisme et de ses complices, pour les maintenir en paix  et pour les rendre inoffensifs. Nous reviendrons ainsi à la traditionnelle politique de la France, qui ne fut pas  si mauvaise et cependant l’on a cru pouvoir négliger de s’appuyer sur les petits. La France  a toujours joué auprès des petits Etats d’un prestige incontestable, mais quel n’est pas l’éclat dont elle brille maintenant à leurs yeux. Les petits se tournent vers nous, ils se groupent  pour paraître plus dignes de figurer aux côtés de la France, ne les décourageons pas, leur groupement sera peut-être, un jour, notre plus solide appui quand le relèvement splendide et rapide de la France aura semé trop d’envie chez les grands. Et surtout ne compromettons pas l’offre d’un pareil appui en accusant ou même en suspectant un Bénès d’être l’instrument de l’Allemagne contre la France”[45].

Face à ces expressions de réjouissance de Fontenay on peut se demander quels étaient pour lui les objectifs de cette entente qu’il defendait désormais si chaleureusement et si obstinément . Il fut le premier à constater qu’une alliance à cinq, envisagée par Ionesco et soutenue par Leygues, n’était plus possible. Après la défaite électorale de Vénizelos et le retour du roi Constantin en Grèce, les Yougoslaves estimèrent que toute entente était désormais impossible[46]. Ils renouvelèrent donc, après la signature du traité de Rapallo avec les Italiens, leurs prétentions sur le port de Salonique[47]. Fontenay se réjouissait même que le gouvernement de la République ait accepté de considérer la possibilité de faciliter l’accès au port de Salonique à  ses hôtes[48]. En même temps, Ionesco lui même renonçait à son projet d’une alliance de la Baltique à l’Adriatique. A cause de la menace d’une attaque des Soviets sur la Bessarabie, il proposa à Varsovie seulement un traité garantissant les frontières orientales des deux pays[49]. Cette menace bolchevique, vu qu’il n'accordait pas trop de crédibilité aux capacités défensives des Roumains, avait incité Vesnic aussi à demander de l’aide militaire à la France[50]. Les accords, conclus et projetés, n’étaient pas suffisants pour  garantir la sécurité des alliés français, qui,  comme les Yougoslaves , étaient obligés de se tourner vers leur grande alliée. Le vieil ami de Fontenay, Pasic, resumant l’opinion de la classe politique yougoslave, lui disait en janvier 1921: “ Toujours avec la France ”[51].

Le Quai d’Orsay était obligé de constater l’inefficacité de la Petite Entente à garantir la sécurité de ses membres. Néanmoins, Montille, chef du cabinet du ministre, apporta son soutien à l’entente à cinq, car elle seule aurait été capable de “ garantir  les pays de tout risque et préparer la reconstruction pacifique de l’Europe centrale en dehors de l’hégémonie allemande , à l’abri de la menace bolchevique, pour la plus grande sécurité des Alliés et de la France ”[52].

Fontenay, dans le rapport final sur sa mission à Belgrade, écrit en mars 1921, apporta son soutien inconditionnel précisément à la Petite Entente. Il  croyait qu’elle pouvait constituer l’alliance de revers capable de garantir la sécurité de la France même au cas où l’Allemagne annexerait l’Autriche: “ D’ailleurs, en mettant les choses au pire, en prévoyant le rattachement des 6 millions d’Allemands de l’Autriche à la Germanie il ne faut pas exagérer le péril qui en naîtra. La configuration de l’Europe orientale s’est modifiée et, à une Allemagne renforcée de 6 millions, correspondrait une ligue d’autant plus étroite entre les peuples nouveaux qui encerclent l’Allemagne depuis la Baltique jusqu’à l’Adriatique: la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie, en un mot “ la Petite Entente ”[53].

On imagine la satisfaction de Fontenay de voir, après son départ de Belgrade, la Petite Entente se constituer définitivement avec la conclusion de l’accord entre la Roumanie et la Tchécoslovaquie en avril 1921, et entre le Royaume SHS et la Roumanie en  juin 1921. Mais, sa politique d’appui aux petits alliés français de l’Est de l’Europe a-t-elle abouti à la création d’un véritable système d’alliances garantissant la sécurité de la France et contre l’Allemagne et contre la menace bolchevique? Il est évident que la Petite Entente n’a jamais eu cette ambition, car elle n'a été créée que pour empêcher la restauration des Habsbourgs et le révisionnisme hongrois. Une véritable alliance de revers n’était pas possible à cause des différends territoriaux entre pays vainqueurs et pays vaincus. Or, un cordon sanitaire n’était pas non plus envisageable, car le sentiment panslave, assez répandu en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie, avait empêché ces deux pays d’envisager une guerre contre les Soviets. Fontenay  put le constater lui-même en revenant  à Belgrade, en juin 1922, en qualité de représentant français au mariage  du Régent.

A cette occasion il s’entretint encore une fois avec Bénès et Nincic sur l’avenir de la Petite Entente. Il put constater que ses interlocuteurs ne souhaitaient pas agrandir la Petite Entente. Bénès parla de la formule: “ La Petite Entente et la Pologne ”. La Grèce, elle non plus, n’était pas considérée comme un partenaire désirable pour les deux hommes d’État slaves. En plus ils avancèrent une idée nouvelle, celle d’une possible alliance entre la France, la Petite Entente, et une nouvelle Russie, pas celle des Soviets ni celle des émigrés, mais une troisième, démocratique. Ils inviterènt la France à oeuvrer pour la naissance de cette nouvelle Russie, car ainsi elle aurait gagné une reconnaissance durable des Russes [54].

            Un projet d’entente  se dessinait ainsi, calqué sur les alliances d’avant la guerre, qui ne pourrait qu’avoir le soutien sans réserve de Fontenay. Tous les éléments de sa vision traditionaliste de la politique étrangère de la France y étaient réunis. D’abord, une entente anti-allemande, faite des pays alliés de la France pendant la guerre, et la renaissance de l’alliance russe, pour la quelle son ami Pasic luttait depuis toujours. Fontenay concluait ainsi ses impressions sur cette nouvelle orientation de la Petite Entente: “ En résumé la petite Entente a de plus en plus conscience de son importance et du rôle qu’elle peut être amenée à jouer, elle reste orientée dans le sens qui voulait lui donner le regretté M. Vesnic quand il en jeta les bases, un instrument puissant à la disposition de la France. Il nous appartient de savoir nous  en servir ”[55].

Le défaut de la politique de Fontenay fut justement qu’il n’a pas saisi la différence entre un système d’alliance des alliés français, et l’alliance servant les intérêts français qui n’étaient nullement identiques à ceux de ses alliés. Sa politique fut traditionnelle dans le sens qu’elle s’employa à répandre l’influence française, sans en faire l’utilisation pour promouvoir la sécurité de la France face à l’Allemagne et à la Russie des Soviets. Il est resta, tout au long de son séjour à Belgrade, fidèle à sa conception de politique anti–allemande, mais d’une manière déjà dépassée, de la lutte contre le “ Drang nach Osten ”. Sa position était d’autant plus difficile, qu’il avait tendance  à être trop influencé par ses hôtes, surtout les Serbes. Il faut souligner aussi qu’après la fin de la guerre Fontenay eut du mal à trouver la place du Royaume dans la politique étrangère française car, à cause de sa position géographique, il  pouvait difficilement faire partie d’une alliance de revers ou d’un cordon sanitaire. Sa politique traditionaliste, en fin de compte, n’eut pas une grande incidence sur l'orientation de la politique officielle, dans la mesure où le Royaume SHS se trouvait marginalisé par rapport au centre de l’intérêt de la politique étrangère française. On est obligé donc de conclure que la France avait un système d’alliances qu’elle ne voulait pas, et qui lui avait imposé par ses alliés qu’elle était censée défendre.

 

                                                                                              Vojislav PAVLOVIC

                                                                                              Docteur en histoire

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Note de Fontenay sur Nicola Pasic, non datée, Archives de Ministère des Affaires Etrangères Paris (par la suite AMAE), Papiers d’Agents, Archives privées, (par la suite PA-AP), 347 de Fontenay, vol. 103.

[2]Note remise à Pichon par Pasic et Romanos, Paris, le 27 novembre 1918, AMAE, Travaux préparatifs de la Conférence de la Paix, Politique de la Yougoslavie et Monténégro, vol. 296, p. 166.

[3]Fontenay à Pichon, Evian le 14 septembre 1918, AMAE, Série Z Europe 1918-1940, (par la suite Série Z)  Yougoslavie, vol. 44, p.45.

[4]Fontenay à Pichon, Paris, le 22 octobre 1918, AMAE, Série Z, Autriche vol. 51.

[5]Fontenay à Pichon, Paris, le 24 octobre 1918, Ibidem.

[6]Pichon à Barrère, Paris, le 13 octobre 1918, Ibidem.

[7]Procès-verbal de la réunion du Conseil Supérieur de la Guerre, Versailles, le 31 octobre 1918, AMAE, Série Y, Internationale 1918-1940, vol. 15, p. 35

[8]Note sur la conversation de Berthelot avec Ante Trumbic, AMAE, Série Z,  Autriche, vol, 51

[9] Raymond POINCARE, Au Service de la France,  vol. X, Victoire et Armistices 1918,  Paris 1933, p. 407-408.

[10]Clemenceau à Franchet d’Esperey, Paris, le 6 novembre 1918, dans: Les Armées françaises dans la Grande Guerre, Paris 1934, doc N° 1751,  tome VIII, vol. 3, Annexes I, p. 508, 509.

[11]Procès verbal de l’entretien entre Clemenceau avec Ante Trumbic et Anton Korosec, Paris 15.11.1918, dans Dragoslav JANKOVIC, Bogdan KRIZMAN, Gradja o stvaranju jugoslovenske drzave 1918 (Recueil des documents sur la création de l'état yougoslave en 1918, Belgrade 1964,  vol. II, p. 601-603.

[12]Grenard à Pichon, Paris, le 22 octobre 1919,  AMAE, Série Z, Yougoslavie, vol. 46, p. 8, 9.

[13]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 12 février 1920, Ibidem, p. 149. 150.

[14]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 16 avril 1920,  Ibidem, p. 187.

[15]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 15 avril 1920, Ibidem, p. 186.

[16]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 5 mars 1920, et le 3 avril 1920, Ibidem, 170, 171, et 183.

[17]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 11 juin 1920, Ibidem, p. 227.

[18]Ibidem.

[19]Couget à Millerand, Prague, le 2 juillet 1920, AMAE, Série Z,  Yougoslavie, vol. 47, p. 1, 2.

[20] Vuk VINAVER, Jugoslavija i Francuska izmedju dva rata,  (La Yougoslavie et la France entre les deux guerres), Belgrade 1985, p. 22.

[21]Etat Major, 2e bureau, Projet du traité secret entre la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, Vienne, le 1 décembre 1919, AMAE, Série Z, Europe 1918-1940, Yougoslavie, vol. 46, p. 79, 80.

[22] Pozzi à Pichon, Prague, le 16 décembre 1919, AMAE, Série Z,  Yougoslavie, vol. 46, p. 81.

[23]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 16 mars 1920, Ibidem, p.173.

[24] Fontenay à Millerand, Belgrade, le 18 mars 1920, Ibidem, p.174.

[25]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 25 mars 1920, Ibidem, p.180.

[26]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 25 mars 1920, Ibidem, p.179.

[27]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 30 mars 1920, Ibidem, p.182.

[28]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 22 mai 1920, Ibidem, , p.202,203.

[29]Ibidem.

[30]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 9 août 1920, AMAE, Série Z,  Yougoslavie, vol. 47, p. 30,31.

[31]Fontenay à Millerand,  Belgrade, le 15 août 1920, AMAE, Série Z,  Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 20-22.

[32]Fontenay à Millerand, Belgrade, le 7 mai 1920, AMAE, Série Z,  Yougoslavie, vol. 46, p. 196.

[33] Ibidem.

[34]Piotr WANDYCZ, France and her Eastern Allies, Mineapolis 1962, p. 196.

[35]Horvo KALEVI, Alliance de revers. Stabilisation of France’s Policies in East Central Europoe 1919-1921, Turky 1984, p.62.

[36]Carmi OZER,  La Grande Bretagne et la Petite Entente, Genève 1972, p. 24.

[37]Note de Paléologue sur les pourparlers avec Bénès, Paris, le 29 juillet 1920, AMAE, Série Z,  Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 5,6.

[38]Daeschner à Millerand, Bucarest le 9 août 1920, AMAE, Série Z,  Yougoslavie, vol. 47, p. 29; et Bucarest le 22 août 1920, AMAE, Série Z,  Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 32.

[39]Daeschner à Millerand, Bucarest, le 27 août 1920, AMAE, Série Z,  Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 44,45.

[40]Millerand à Billy  et à Daeschner , Paris, le 24 août 1920, Ibidem, p. 41.

[41]WANDYCZ, op. cit, p. 196.

[42] VINAVER, op. cit, p. 24.

[43]OZER, op. cit, p. 25; Vinaver,  op. cit, p. 24.

[44]Leygues à Panafieu, Paris, le 30 septembre 1920, AMAE, Série Z, Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 112,113.

[45]Fontenay à Leyges, Belgrade, le 29 novembre 1920, Ibidem, p. 159,160.

[46]Fontenay à Leygues, Belgrade le 28 novembre 1920,  AMAE, Série Z, Yougoslavie vol. 47, p. 123.

[47]Fontenay à Leygues, Belgrade le 10 décembre 1920, Ibidem, p. 125.

[48]Leygues à Fontenay, Paris le 18 décembre 1920, Ibidemp. 133; Fontenay à Leygues, Belgrade le 20 décembre 1920, Ibidem, p. 137.

[49]Panafieu à Leygues, Varsovie le 7 décembre 1920, AMAE, Tchécoslovaquie vol. 65, p. 161-164.

[50]Fontenay à Leygues, Belgrade le 26 décembre 1920, AMAE, Série Z, Yougoslavie vol. 47, p. 150.

[51]Fontenay à Leygues, Belgrade le 7 janiver 1921, Ibidem, p. 190.

[52] Note de Montille, La Petite Entente, Paris le 14 janvier 1921, AMAE, Série Z, Tchécoslovaquie, vol. 65, p. 182-185.

[53] Memorandum de Fontenay, Relations du Royaume des Serbes, Croates, et Slovènes avec les autres puissances, AMAE, Série Z, Yougoslavie vol. 48, p. 6-26.

[54]Note de Fontenay,  Conversations avec M. Nintchictch et Bénès, AMAE, AP-PA, 347 Fontenay, vol. 89.

[55]Ibidem.